SUD Énergie soutient les salariés de NEXCIS
L’ensemble des syndicats et sections syndicales de la fédération SUD Énergie soutient la lutte des salariés de NEXCIS, filiale du groupe EDF à la pointe de la technologie des énergies nouvelles et renouvelables.
Un comité de soutien a été créé
Nous encourageons chaque personne parcourant cette page, à y prendre part et à manifester sa solidarité avec cette lutte qui est de nature sociale, mais également environnementale. Les salariés de NEXCIS mettent en avant un savoir faire et une technologie qu’EDF a décidé de sacrifier. Cette posture d’entreprise, certes dirigée par un PDG, mais aux ordres du gouvernement, signe un nouvel abandon de notre service public et démontre une fois de plus la fuite organisée par les pouvoirs en place.
Situation à NEXCIS – 1er septembre
Nexcis est une spin off de l’IRDEP (petite entreprise en charge de développer un procédé de R&D) créée en 2009 pour l’industrialisation d’une technologie de module photovoltaïque en couche mince CIGS (Cuivre Indium Gallium Sélénium) développée en laboratoire de 2003 à 2009. A EDF R&D, environ la moitié des agents de l’IRDEP (Labo commun EDF, CNRS, Chimie ParisTech), soit une petite dizaine, sont partis à Nexcis pour développer ce procédé à l’échelle industrielle.
Au total, Nexcis regroupait environ 80 salariés : les ingénieurs provenaient pour beaucoup de l’Irdep. Les autres salariés ont été recrutés directement. Ils ne sont pas au statut des IEG, mais les ingénieurs qui viennent de l’IRDEP sont en détachement et ont un droit de retour, qu’ils ont fait ou font valoir : ils sont donc réintégrés à la R&D d’EDF.
A sa création en 2009, Nexcis était détenue à hauteur de 20% environ par EDF, 20% par STMIcroElectronics, 50% environ par Pâris Mouratoglou (également propriétaire historique, pour partie, d’EDF EN et qui a vendu ses parts récemment).
Au fil du temps, la part d’EDF a augmenté jusqu’à 60% environ.
Mais les prix des modules PV se sont effondrés depuis 2008 – ils ont été divisés par 7. Ils proviennent à 80% environ de pays asiatiques) et se basent essentiellement sur une autre technologie, le silicium (90% de part de marché). Cela remet bien sûr totalement en cause la viabilité de Nexcis.
Cependant, l’un des produits (ou sous-produits) de Nexcis semble viable : le vitrage semi-transparent qui intègre du PV (principe : créer des couches PV localement sur du verre, ce qui est a priori beaucoup plus compliqué et moins esthétique avec la technologie Silicium).
Depuis l’annonce de la faillite, des repreneurs se manifestent, dont Crosslux, petite entreprise qui propose des solutions dans l’intégration de bâtiments. C’est la proposition a priori la plus sérieuse en termes technologique et de reprise des salariés (environ 40 sur 80 d’après les premières propositions, qui devraient être confirmées fin septembre).
Il reste donc a priori une trentaine de salariés sur le carreau.
Rappelons que lorsque PhotoWatt (société française spécialisée dans la fabrication de cellules photovoltaïques comptant 700 à 800 personnes à l’époque) a été en redressement judiciaire fin 2011, EDF Energies Nouvelles a repris son activité tous les 350 salariés restés sur le carreau se sont vus proposer un poste à EDF dans un rayon de 60 km (dans EDF SA). Mais c’était une période électorale, le président-candidat Sarkozy s’était déplacé à PhotoWatt et avait fait pression sur EDF !
Un projet de reprise de l’entreprise par les salariés existe également, sans que nous connaissions sa viabilité (plusieurs ingénieurs qui connaissaient le procédé ont déjà quitté NEXCIS).
Que dire de la stratégie d’EDF ?
D’un point de vue image, un « lâchage » de Nexcis l’année du COP21 et de la mise en concurrence de nombreux clients pros (fin des tarifs verts et jaunes) ne semble pas très heureux.
Sur l’avenir de la filière PV, l’Irdep (labo commun), historiquement très axé sur la technologie Couches Minces (CIGS), diversifie l’activité sur cette technologie (étude d’applications à plus forte valeur ajoutée comme la diminution ou la suppression des métaux polluants ou rares (CZTS), ou sur des concepts à plus haut rendement entre autres), mais également sur le silicium, ce qui ne paraît pas aberrant : on continue un peu de recherche sur le CIGS plus classique dont l’avenir n’est pas du tout garanti, mais qui permet de soutenir les nouvelles activités et on opère un rattrapage sur la technologie silicium, notamment avec un soutien à PhotoWatt.
Sur la stratégie d’essaimage d’EDF : c’est une stratégie assumée et défendue par le Directeur de la R&D. EDF investit de grosses sommes dans des petites entreprises privées, via du Capital Risk, pour saisir des opportunités éventuelles. Si la start-up est intéressante, on met de l’argent dedans et on attend que ça grossisse. On fait des « coups », on embauche (EDF et d’autres) beaucoup de salariés, qui se retrouvent sur le carreau si cela ne fonctionne pas – ce qui arrive souvent vu l’activité.
Sans statut étendu pour les salariés de l’Énergie et dans un contexte de fort chômage, cette stratégie conduit à une précarité importante du secteur et à des pertes de compétence.
Le sens de notre soutien
La Fédération des SUD ÉNERGIE s’associe au comité de soutien pour exiger a minima un emploi pour tous les salariés.
Nous devons également nous interroger sur le moyen d’empêcher la perte du savoir-faire qui a été développé : notamment en ce qui concerne la partie technologique qui ne sera pas forcément utilisée par les repreneurs.
Au-delà, nous devons interpeller le Gouvernement pour développer une filière pérenne, publique, du PV (comme de l’éolien d’ailleurs), avec des perspectives à long terme. Cette filière doit s’intégrer dans un scénario énergétique global à long terme, révisable, et ne pas être laissé aux aléas perpétuels et au court-termisme du marché.
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