(tract local) La face sombre des JOP de Paris 2024

Tract local diffusé aux salarié·es d’EDF R&D

 

Étant partenaire premium des Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) de Paris 2024, il est compliqué pour EDF d’évoquer les côtés négatifs de ces jeux, et de ne pas en livrer une image idéalisée. Aussi il nous a semblé important d’informer les salarié⋅es sur la face sombre de ces jeux, pour contrebalancer cette vision idéalisée. Et cela au risque de passer pour des “peine-à-jouir” comme l’a si bien résumé la maire de Paris Anne Hidalgo : seulement, les problèmes posés par ces jeux ne nous semblent absolument pas anecdotiques.

 

La question qui se pose est : jusqu’où irons-nous pour organiser ces événements sportifs voulus festifs ? Sans parler des événements qui se déroulent dans des pays coupables de crimes contre l’humanité (comme la Russie et la Chine) ou de pays hors-sol (comme le Qatar et ses 6500 morts pour des stades ouverts climatisés), des sports d’hiver sans aucune neige naturelle : ces Jeux de Paris sont en fait ceux de la Seine-Saint-Denis, qui sera violemment gentrifiée pour l’occasion. Est-il possible d’anticiper ces problèmes et de ne pas les reproduire… disons au hasard lors des JOP d’hiver en 2030, où la France est la seule candidate en lice, et alors que le modèle économique des stations de montagne doit inéluctablement changer ? Plus généralement, il faudrait débattre de la forme que le sport devrait avoir dans nos sociétés.

 

Nous vous renvoyons sur ce site si vous désirez creuser les sujets évoqués dans la liste suivante, mais aussi rejoindre les différents collectifs qui luttent contre toutes ces dérives, et comprendre qu’elles ne sont pas spécifiques à l’édition 2024 de Paris, mais ont été combattues lors des précédentes éditions.

 

 

Expulsions et gentrification :

  • Expulsion hors d’Île-de-France des personnes SDF -qu’elles soient en exil ou non -et évacuation des lieux de prostitution, pour donner une image lissée de la région ;
  • Réquisition de logements étudiants, notamment pour loger le nombre démesuré de forces de l’ordre, militaires et agent⋅es de sécurité ;
  • Expulsion de locataires par des propriétaires désirant plus d’argent via les locations de courte durée ;
  • Hôtels sociaux se vidant, pour les mêmes raisons ;
  • Très forte gentrification de la Seine-Saint-Denis ;
  • Aménagements urbains (dont le Grand Paris Express, la voie d’accès A1-A86, …) qui ne sont pas pensés d’abord pour la population locale.

 

Travail en surtension :

  • Amara Dioumassy, ouvrier mort écrasé par un camion de chantier le 16/06/2023. Sept autres décès sont à déplorer sur les chantiers du Grand Paris Express, mis en forte tension par ces JOP ;
  • Exploitation de personnes sans papiers ;
  • Sur-exploitation du bénévolat ;
  • La plupart des emplois créés sont temporaires (BTP, sécurité, …)

 

Recul des libertés publiques :

  • VidéoSurveillance Algorithmique institutionnalisée au moins jusque 2025, et certainement au-delà ;
  • Multiplication exponentielle des caméras et de personnes chargées de la répression, de plus en plus dans le privé ;
  • Recrutement poussif de ces personnes en rendant obligatoires à beaucoup d’inscrit⋅es à Pôle Emploi / France Travail des ateliers “sécurité” ;
  • Zones entières en Île-de-France restreintes d’accès ;
  • La population n’a jamais eu son mot à dire sur ces jeux, que ce soit à l’échelle nationale ou locale ;
  • Ces reculs sont encadrés par des régimes d’exception mis en place par deux lois “olympiques”.

 

Perte d’argent public :

  • Dépassements du budget, financés par le public, et exonération d’impôts pour le Comité International Olympique ;
  • Retombées financières insuffisantes et non pérennes, d’où le peu de candidatures d’autres pays ;
  • Transfert d’argent public vers le privé, notamment dans les secteurs du BTP, de l’immobilier, de la vidéosurveillance, … ;
  • Soupçons de corruption, comme ça a pu souvent être le cas ;
  • Tarifs prohibitifs pour assister aux épreuves phares et pour se déplacer.

 

Empreinte environnementale loin d’être nulle :

  • Large artificialisation des sols en Seine-Saint-Denis ;
  • Officiellement, les JOP 2024 représenteraient 0,25% des émissions annuelles de gaz à effet de serre en France, chiffres jugés intenables par les expert⋅es, et qui n’intègrent pas le transport des millions de personnes attendues ;
  • Destruction de l’écosystème corallien de Teahupoo pour l’épreuve de surf ;
  • Pollution de l’air aux abords de l’échangeur Pleyel.

 

Valeurs finalement discutables :

  • Derrière la prétendue neutralité du sport, la Russie est exclue des JOP, mais aucune sanction n’est prise envers Israël malgré les protestations ;
  • Dépendance des jeux à des sponsors douteux : Coca-Cola, Airbnb, Alibaba, … ;
  • Dopage, épuisement, sous-rémunération d’athlètes ;
  • Omniprésente construction du sentiment national ;
  • Bien que ces systèmes d’oppression soient inhérents à la compétition sportive actuelle en général, et que des progrès sont déjà à noter pour les JOP : sexisme (moindre représentation des femmes dans les instances, certaines épreuves encore exclusives, sexualisation des tenues), transphobie (obligation de thérapie hormonale pour participer, tests de testostérone), validisme (système de classification, handicap vu comme problème à surmonter individuellement pour imiter les personnes valides) ;
  • Le projet olympique de Pierre de Coubertin était ouvertement raciste et sexiste, le relais de la flamme olympique ainsi que le classement des nations au nombre de médailles obtenues ont été introduits par les Jeux de Berlin organisés par les nazis en 1936 … ;
  • Ne faudrait-il pas une réflexion générale sur le sport actuel, culte de la compétition, du rendement, … ?
  • Pour résumer, le format des Jeux actuels est à la fois l’héritier des Jeux de Berlin organisés par les nazis en 1936, pour tout ce qui concerne la glorification des nations, et à la fois l’expression ultime du néo-libéralisme depuis les Jeux de Los Angeles en 1984, où Reagan les soumet au bon vouloir des sponsors internationaux et les transforme en un business monumental (pas pour les pays qui accueillent mais pour le CIO).

 

La délégation SUD-Énergie d’EDF R&D