Être une femme à la DTG d’EDF
Message de la section SUD Energie aux salari·es de la DTG
Bonjour à toutes et à tous,
À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, nous avons sollicité.e.s différentes femmes afin d’avoir et de partager leurs expériences et les situations de sexisme rencontrées dans leurs services.
Bien nous en a pris car les retours ont été nombreux, et le constat est sans appel : les travailleuses à EDF sont encore et toujours confrontées à diverses formes de sexisme. Des comportements allant du sexisme ordinaire à l’outrage sexiste, voire au harcèlement, ont été rapportés.
Voici un condensé des situations que vous nous avez décrites :
Les propos méprisants et humiliants
Vos mots parlent d’eux-mêmes : « Les pires situations viennent de la hiérarchie ». Par exemple, une femme témoigne avoir été appelée « ma petite » lors d’une présentation en comité de pilotage, composé essentiellement d’hommes. De même, lors d’une intervention en congrès, l’animateur a présenté deux intervenantes comme « deux belles demoiselles », un type de remarque qu’il ne se serait pas permis à l’égard de collègues masculins.
Les blagues sexistes
L’« humour de comptoir » reste un sujet récurrent. Lorsqu’une femme alerte sur le caractère sexiste de ce que la personne qualifie de « blague », il lui est souvent répondu qu’« on ne peut plus rien dire ». Ces incidents sont les plus fréquemment remontés et les plus difficiles à identifier, tellement la diversité des formes qu’elle peut prendre est grande. « C’est une question de génération » peut être un explication apportée, non par pour excuser mais pour expliquer le comportement de certains hommes plus âgés parfois maladroits ou lourds. Toutefois, des contre-exemples démontrent que des jeunes hommes tiennent également des propos sexistes sous couvert d’humour. En effet, le sexisme, comme toute discrimination, est produit et transmis par la société.
L’appropriation du corps des femmes
Le physique des femmes est un sujet de discussion bien plus fréquent que celui des hommes. Les témoignages font état de remarques répétées sur la tenue vestimentaire : « Tu es belle aujourd’hui », alors que les hommes sont davantage complimentés sur leurs vêtements que sur leur apparence physique. Ces commentaires induisent un sentiment de jugement permanent, au point que certaines femmes adaptent leur habillement en évitant robes, jupes et talons. D’autres font face à des réflexions sur leur maquillage ou sur des changements physiques. Quelques exemples marquants : une collègue entend dire d’une autre femme qu’il est « agréable de travailler avec elle parce qu’elle est jolie », un critère jamais évoqué pour les hommes ou encore « fais toi belle pour demain, le directeur vient nous voir en réunion de service ».
La maternité
Les questions sur la maternité sont systématiquement adressées aux femmes, parfois de manière insistante, plusieurs fois par semaine pour certaines. Certaines se voient poser la question, lors d’un échange avec leur management « alors, je suis certain que l’année prochaine, tu vas m’annoncer que tu seras enceinte ». Ces interrogations sont perçues souvent comme maladroites mais, en raison de leur caractère répété, elles pourraient être qualifiées de harcèlement.
Les déplacements professionnels
Les expériences varient selon les métiers, mais les femmes travaillant sur site font face à des préoccupations spécifiques. En plus de la charge mentale liée à l’organisation des interventions (sécurité, planning, équipements), qui concerne tout le monde, elles doivent gérer des contraintes logistiques non prises en compte par défaut. Par exemple, la question de « où se changer » devient une problématique quotidienne. Certains hommes minimisent ce besoin, avançant que « se retrouver en sous-vêtements, c’est comme être à la piscine ». Une femme témoigne d’une situation où, dans un GU, un exploitant lui propose de se changer dans un bureau, ajoutant qu’il possède un double des clés, ce qui génère un sentiment d’insécurité.
Les femmes travaillant à l’extérieur doivent parfois insister pour s’arrêter dans un commerce disposant de toilettes, une nécessité encore plus pressante pendant leurs règles.
Le harcèlement
Des cas de harcèlement ont été rapportés par plusieurs d’entre vous, illustrant la persistance de comportements inacceptables au sein d’EDF. Certains ont fait l’objet d’un signalement auprès de la direction. Nous sommes tenus au devoir de réserve (des informations que nous communique la direction) et de la confidentialité que nous vous devons quand vous venez vous voir, nous ne pouvons pas communiquer ni les faits ni le traitement qu’apporte par la direction. Nous pouvons juste déplorer l’opacité vis-à-vis de vos représentants du personnel et la lenteur avec laquelle la direction s’en saisit alors que ces situations peuvent avoir des effets délétères.
En conclusion, et au regard du nombre de situations que vous nous avez remontées, le sexisme, sous toutes ces formes est encore très, voire trop présent dans notre unité !
Que fait la direction ?
Elle met en place des formations en plénière (juin 2024) et, ponctuellement, rappelle certaines règles en fonction des incidents signalés au management. Cependant, cette approche ponctuelle ne suffit pas. Comme souvent, elle pense qu’elle détient une recette magique : une fois que la journée d’information et de prévention est passée, ce problème semble être considéré comme résolu. Or, vos témoignages montrent de façon évidente que le sexisme perdure et le vécu des femmes est bien différent, au sens négatif, de celui des hommes à EDF.
On constate également une forme de silence de la part du management, qui peine à prendre la mesure du problème pour agir en profondeur. Cette attitude n’est pas propre à EDF, il n’y a aucune raison pour que notre unité soit épargnée par ces violences. Il suffit d’ouvrir un journal pour voir que cette réalité est aussi répandue ailleurs.
Ces situations peuvent avoir un impact sur la santé mentale et physique des personnes envers qui ces violences sont exercées. On rappelle que, dans le cadre de ces obligations de prévention, l’employeur est tenu de prendre toutes les dispositions nécessaires en vue de prévenir les agissements sexistes ou les faits de harcèlement sexuel, d’y mettre un terme et de les sanctionner. Cette obligation impose notamment à l’employeur de mettre en œuvre des mesures de formation et d’information propres à prévenir les faits de harcèlement sexuel (art. L. 4121-1, art. L. 1153-5 alinéa 1 du code du travail).
Leur silenciation et leur minimisation conduit la direction à ne pas répondre à ses obligations en termes santé et de sécurité. Et rappelons-nous qu’elle agit avec bien plus de force lorsqu’il s’agit d’autres sujets, comme la lutte contre les addictions aux drogues par exemple.
Ensemble, brisons le silence
Pour SUD, ni totem ni tabou : c’est en mettant en lumière ces situations et en construisant un système de références commun que nous pourrons les identifier et les qualifier. Le silence est l’une des pires réactions face à ces comportements. C’est par une mobilisation constante et collective que nous pourrons lutter, en premier lieu, contre les formes les plus graves de sexisme.
Parlez-en entre vous, à vos collègues, à des amis, en famille. « Tu en penses quoi ? Comment aurais-tu réagi ? » Et dans tous les cas, si un propos ou une action sexiste et/ou sexuelle vous choque ou vous dérange, vous n’êtes pas responsable.
Nous continuerons à aller à votre rencontre. Faites-nous part des situations problématiques auxquelles vous êtes confronté·es, et ensemble, nous construirons les revendications que nous porterons à la direction pour que cessent ces situations dans notre milieu professionnel.
L’équipe de Sud Energie !