Première analyse de notre fédération SUD Énergie sur la réforme du marché de l’électricité proposée cette semaine par la Commission européenne.
Cette réforme ne nous semble absolument pas à la hauteur de l’enjeu et incapable de remettre sur pied durablement un secteur pourtant essentiel à l’économie comme à la transition énergétique :
- La commission continue à jouer les apprentis sorciers en préconisant des mesures insuffisamment décrites qui posent des problèmes technico-économiques à ce jour non résolus, en orientant vers une complexification extrême d’un système déjà fragilisé par cette complexité, en ne proposant pas d’étude d’impact ;
- Elle concède des contrats long termes publics (CFD), seule intervention publique, mais de manière optionnelle et en limitant leur périmètre à certaines filières ;
- Elle approfondit la privatisation et le saucissonnage du financement du parc de production par la promotion de contrats long terme privés (PPA), grave menace pour l’équité de traitement et le financement du parc
- Elle maintient une référence à un prix de marché pourtant jugé « aberrant » par tous, pour une partie du parc non négligeable ;
- Elle continue d’exposer les consommateur à des offres multiples et complexes, portées par des fournisseurs en concurrence dont personne ne perçoit l’utilité ; et elle acte la disparition des tarifs réglementés de vente, sauf dans des conditions très particulières (crise majeure) et à sa main.
En synthèse:
Elle continue d’essayer de faire rentrer le rond du système électrique dans le carré de la concurrence, aux dépends des consommateurs qui demandent tous le retour à un tarif réglementé basé sur les coûts de production.
Elle refuse obstinément de considérer la proposition détaillée ici de retour à un opérateur public unique en France et dans tous les pays qui le souhaitent, proposition qui ne remettrait pas en cause le fonctionnement du marché européen qui ne serait utilisé que pour gérer les imports-exports. Cette solution simple, robuste, lisible, équitable et efficace n’a à ce jour fait l’objet d’aucune critique sérieuse (la menace absurde de black-out est brandie régulièrement, révélant la vacuité de la critique).
L’ouverture des marchés a été imposée sans consultation des électeurs il y a plus de 25 ans. Elle a conduit à démanteler un opérateur public français unanimement reconnu pour son efficacité au nom d’ un dogme dépassé et pour effacer l’avantage concurrentiel français que représentait une électricité peu chère. Après 2 décennies de crise successive et alors que la transition énergétique nécessite un secteur électrique très performant, il est plus que temps de sortir de ce système indéfendable.
Et pour faire le lien avec les retraites, alors que les régimes spéciaux sont accusés de tous les maux, rappelons que ce ne sont pas eux qui ont fait exploser les factures !
Poursuivez l’analyse avec l’entretien d’Anne Debrégeas, porte parole de Sud Énergie par @OsonsCauser et @Heu?reka.
Anne Debrégeas analyse le projet de réforme du marché proposée par la Commission européenneet développe notre proposition alternative consistant à revenir à un opérateur public en monopole en France.